d’après le roman de Mark Haddon adaptation Simon Stephens mise en scène Philippe Adrien texte français Dominique Hollier Dossier à l’attention des enseignants Représentations du 11 septembre au 18 octobre 2015 8 salle Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h 8 durée 2 h 15 8 rencontre-débat avec l’équipe de création, dimanche 13 septembre après la représentation Théâtre de la Tempête Cartoucherie, Rte du Champde-Manœuvre, 75012 Paris 8 infos et réservations – www.la-tempete.fr – tél. 01 43 28 36 36 collectivités Amandine Lesage 8 tarifs plein tarif 20 € tarifs réduits 15 € et 12 € mercredi tarif unique 12 € 8 accès métro ligne 1 jusqu’au terminus Château de Vincennes (sortie 6) puis bus 112 ou navette Cartoucherie. Vos contacts 8 presse Pascal Zelcer // 06 60 41 24 55 [email protected] 8 administration & tournée ARRT / Philippe Adrien Marie-Noëlle Boyer, Guillaume Moog Caroline Sazerat-Richard Aurélien Piffaretti – tél. 01 43 65 66 54 – [email protected] Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit d’après le roman de Mark Haddon (Éditions Pocket) adaptation Simon Stephens, texte français Dominique Hollier mise en scène Philippe Adrien —avec Pierre Lefebvre Christopher —Juliette Poissonnier Siobhan — Sébastien Bravard Ed (père de Christopher) —Nathalie Vairac Judy (mère de Christopher) —Bernadette Le Saché Mme Alexander / femme snob —Mireille Roussel Mme Shears / Mme Gascoyne / Femme dans le train / Femme Hampstead Heath / Commerçante —Laurent Montel Roger (M. Shears) / Policier de garde —Laurent Ménoret Policier 1 / M. Thompson —Tadié Tuéné Révérend Peters / Rhodri / Oncle Terry / Policier gare / Agent service gare / Policier londonien. —décor Jean Haas —lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne —vidéo Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun —musique et son Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi —costumes Cidalia Da Costa assistée de Anne Yarmola —maquillages Pauline Bry —chorégraphie Sophie Mayer —collaboration artistique Clément Poirée —direction technique Martine Belloc et Erwan Creff. Production : ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture, avec le soutien de l’Adami (L’Adami, société des artistes-interprètes, gère et développe leurs droits en France et dans le monde pour une plus juste rémunération de leur talent. Elle les accompagne également par ses aides financières aux projets artistiques), en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. >> Cette pièce est présentée avec l’aimable autorisation de Warner Bros. Entertainment. L’auteur original, l’adaptateur théâtral et la traductrice sont représentés dans les pays de langue française par l’agence MCR, Marie-Cécile Renauld, Paris www.paris-mcr. fr, en accord avec Mark Haddon représenté par Cursing and Sobbing Ltd et Simon Stephens représenté par Casarotto Ramsay & Associates Ltd. C’est une histoire de famille. Ça parle de ce que c’est qu’élever un enfant, ou bien… être élevé par des parents. C’est aussi une célébration du courage, qui se manifeste ici dans un environnement des plus inattendus ; le courage et la famille se retrouvant intimement liés au sein de cet environnement. Simon Stephens Christopher Boone, quinze ans, possède une intelligence et une logique imparables ; il aime les listes, les plans et la vérité, et c’est un fan de Sherlock Holmes ; mais tout seul il n’est jamais allé plus loin que le bout de sa rue. Il réussit des exercices de mathématiques très difficiles et comprend la théorie de la relativité. Ce qu’il ne comprend pas, ce sont les autres êtres humains. À part la jeune Siobhan qui suit sa scolarité et l’aide à écrire ce récit, et son père qui connaît ses troubles comportementaux, les autres sont pour lui comme des étrangers… Lorsqu’il découvre le chien de sa voisine transpercé d’une fourche, Christopher décide de retrouver le meurtrier et son enquête l’entraîne dans un véritable parcours initiatique… Son sens de l’observation, la rigueur de sa pensée, l’absence totale de duplicité sont propres à débusquer mensonges et lâchetés. Les adultes n’ont qu’à bien se tenir… Ce petit chef-d’œuvre d’imagination et de suspense nous introduit aux émotions et aux vertiges d’un jeune garçon autiste pour qui « le monde est plein de choses évidentes que personne ne remarque. » Un autre regard sur notre réalité… C’est une amie comédienne qui, ayant assisté sur Broadway à une représentation de The Curious Incident of the Dog in the NightTime, d’après le roman de Mark Haddon, m’a alerté : le spectacle l’avait transportée. Ce titre, en français Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, me parut d’abord pour le moins énigmatique, mais mon interlocutrice me communiquait un tel enthousiasme que je l’écoutai volontiers. Si je me fie à de tels élans spontanés, c’est peut-être en songeant à Jouvet pour qui mettre en scène était comme tomber en amour : « aimer et admirer »… Oui, aimer et faire partager à d’autres ce sentiment, ma question étant toujours de renouveler la surprise et le bonheur du théâtre. « C’est l’histoire d’un jeune garçon autiste ! » Il y avait là de quoi m’intriguer… le théâtre m’ayant toujours semblé, comme le disait Kafka dans ses conversations avec Janouch, plus fort lorsqu’il nous met en prise sur la dimension mentale. Un « autiste » : c’est bien sûr la supposition d’autres mondes, d’autres perceptions et d’autres modes d’être… Après plusieurs séances de lecture de l’adaptation théâtrale de Simon Stephens, je commençai à entendre vraiment le texte et singulièrement la parole de Christopher. Une histoire véridique mais débarrassée du pathos qui souvent nous encombre au théâtre et précisément dans le registre dramatique. On pourrait peut-être appeler cela du nom de notre héros, l’effet Christopher. Et pour la première fois, moi qui depuis toujours suis plutôt réticent à cet égard, je vais donc me risquer à mettre en scène sur le mode du « théâtre récit » qui est le parti-pris de l’adaptation. Du fait d’une appréhension différente du monde et des autres qui isole Christopher de façon particulière, le régime qui consiste à raconter en jouant et à jouer en racontant – oui, cet effet de « distance » apparaît tout Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants à fait adéquat : le chœur, la troupe de comédiens partage les rôles mais assume également la narration, pour Christopher et avec lui. On se demande du reste qui pourrait résister au pouvoir de ce jeune garçon dès lors que, le premier, il a trouvé le chien de madame Shears avec une fourche de jardinier plantée dans le corps. Tel Sherlock Holmes, son héros, il se lance le défi de trouver l’assassin de Wellington ! C’est ainsi que débute son parcours initiatique. Il ira jusqu’au bout. Ayant découvert le coupable en la personne de son père et du même coup libéré de son devoir d’obéissance filiale, il surmontera toutes les épreuves jusqu’à affronter le monstre – le métro londonien – caché dans le ventre de la terre pour finalement rejoindre sa mère et triompher dans un concours de mathématiques. Un récit dont la réalisation scénique présente une grande exigence mais aussi quan- PAS DE LARMOIEMENTS inutiles ni de sophistication clinique : l’auteur privilégie l’observation du quotidien d’un adolescent très doué avec ses angoisses et phobies. (…) Christopher est atteint du syndrome d’Asperger, un autisme de haut niveau, qui fait de lui un génie des sciences, mais un être dépendant des autres au jour le jour. Sa colère peut parfois être impressionnante, sa compréhension des règles sociales reste superficielle, alors que sa mémoire est excellente, et sa faculté de tité de chances à courir. Comme on sait, l’autisme a pour conséquence une perception amplifiée, violente et parfois traumatique du monde extérieur et de ses désordres. Ainsi, plutôt qu’à illustrer le parcours de Christopher, nous nous attacherons à éprouver et à transmettre les émotions, sensations, rythmes, syncopes et autres accidents subis ou vécus par lui. Enfin, il me semble que l’écoute de Christopher comme son expression parlée pourrait donner à entendre ou simplement à deviner – dans le mouvement de l’énonciation comme au milieu du silence où l’être parlant cherche le chemin de sa pensée – l’énorme travail de la langue : murmures, bruissements, fracas des syllabes et des mots ; tumulte et passion du sens qui depuis les premiers âges, sans relâche, accaparent l’humanité. raisonnement implacable. Il peut tout aussi bien se couper du monde dans une intense phase d’observation que devenir inquisiteur pour son enquête. Le récit est un véritable puzzle que le lecteur s’amuse à reconstruire en même temps que Christopher. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit nous fait découvrir l’autisme de façon surprenante et ouvre de nombreuses pistes de lecture. Franck Boussard Philippe Adrien LA FAÇON dont le cerveau de Christopher fonctionne fait penser à un ballet. L’agilité avec laquelle il passe d’une pensée à une autre, puis à une autre encore, est l’agilité d’un danseur. Cette caractéristique du personnage se prête extraordinairement bien, sur le plateau, à une transcription physique de cette danse de l’esprit. Cela contribue grandement à rendre théâtral ce que le roman crée, en extériorisant de manière totale et concrète le cerveau – et la pensée – de Christopher Boone. Simon Stephens Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants C hristopher — Dans le bus en allant à l’école on a croisé quatre voitures rouges d’affilée. Donc aujourd’hui, c’est un Bon Jour… Je vais essayer de découvrir qui a tué Wellington parce qu’un Bon Jour, c’est un jour pour faire des projets et organiser des choses. Siobhan — Qui est Wellington ? Christopher — Wellington est un chien qui appartenait à ma voisine Mme Shears… A propos du roman UN AUTISTE Mène l’enquête Dans un formidable roman, Mark Haddon nous donne à découvrir l’univers logique et décalé d’un adolescent presque comme les autres. Enquête sur un best-seller. (…) Christopher est surdoué et autiste - même si l’auteur se garde bien d’utiliser ces deux adjectifs - et vit seul avec son père dans une petite ville anglaise où il ne se passe jamais rien. Enfin presque… Car la vie de notre ado va être bouleversée par un bizarre incident. Un matin, il retrouve le chien de Mrs Shears, la voisine, mort, une fourche plantée dans le ventre. Christopher ne crie pas, ne pleure pas. Il caresse le chien, se demande qui l’a tué et pourquoi. La palette émotive du garçon est en effet très réduite. Seule la colère semble avoir droit de cité dans son étrange paysage mental. Elle est le moteur qui l’incite à chercher une solution à tout ce qui peut déranger la mécanique parfaitement réglée de son existence. Une mécanique essentielle, vitale. Christopher ne peut vivre sans une compréhension cartésienne absolue du monde qui l’entoure. Tout ce qui tend à nuancer - pire, à transformer - le réel tel qu’il l’appréhende est une menace. (…) Le jeune garçon va pourtant se mettre à écrire une histoire, mais une histoire vraie. Pour lui, l’assassinat du chien ne peut demeurer un mystère. Non pour quelque raison morale, mais parce qu’il trouble l’ordre des choses. Fort de la lecture du Chien des Baskerville - la seule fiction qui trouve grâce à ses yeux, parce qu’il admire la logique implacable de Sherlock Holmes -, Christopher se lance dans une enquête dont il consigne chaque détail dans un journal découpé comme un livre. (…) La lecture est captivante. Sans doute parce que la langue de Christopher, le narrateur, est à son image : simple, carrée. Quand les « gens normaux » usent et abusent de la métaphore ou de l’euphémisme et manipulent le langage, le jeune garçon utilise le mot juste, taillé au cordeau. La langue est un outil pour décrire une réalité précise, qu’il est d’ailleurs souvent le seul à voir. Avec Sherlock Holmes, auteur de cette phrase dont il se repaît à l’envi : « Le monde est plein de choses évidentes que personne ne remarque jamais. » Christopher observe sans interpréter. Il pose sur les êtres et les choses un regard impassible, dénué de toute velléité digressive. Ce pragmatisme obsessionnel va se révéler extrêmement efficace. En enquêtant sur la mort du chien, le garçon découvre un secret familial qui déroge totalement à son sens de l’ordre. Et c’est finalement lui, l’ “anormal“, qui va remettre sur les bons rails le monde des “normaux“. « Christopher n’est pas si différent de nous que cela, remarque Mark Haddon. Je lui ai donné des habitudes, des attitudes et des façons de penser empruntées à des gens de mon entourage qui ne sont pas du tout anormaux ! Je crois que nous avons tous en commun quelque chose avec tout autre être humain, aussi étrange soit-il. » La création du jeune autiste n’a d’ailleurs pas été préméditée par son auteur : « J’ai commencé par écrire le meurtre du chien. J’ai trouvé la scène assez drôle. Je me suis dit que si elle était décrite par une voix très distanciée, ce serait encore plus drôle. Et puis je me suis demandé à qui pouvait bien appartenir cette voix ! » (…) Haddon n’explore pas une particularité mentale, il se sert de cette particularité mentale pour faire œuvre littéraire. L’écrivain fait tellement corps avec son personnage qu’il parvient à mettre le lecteur dans le même état d’osmose. • Alexie Lorca, L’Express UN LIVRE D’EXCEPTION Un roman authentique, captivant et attachant, récompensé 18 fois dans le monde entier. Il a reçu notamment le Booker Prize 2003 et le Whitbread 2004. Une œuvre exceptionnelle. • Sunday Telegraph Drôle et insolite. • Le Point Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants A propos du roman (suite) Le Bizarre Incident n’est pas du tout un livre sur Christopher. Mais sur nous. Cela m’a toujours semblé injuste que l’expression « syndrome d’Asperger » apparaisse sur la couverture du roman. Le principe du livre veut que Christopher lui-même en soit l’auteur ; or, il n’utilise jamais ces termes à son sujet, se décrivant plutôt comme « quelqu’un qui a des problèmes comportementaux ». Je préfère l’ironie de ces derniers mots, qui incluent tout le monde – qui n’a pas de problèmes comportementaux ? – et qui sont l’expression de Christopher. Les étiquettes en révèlent très peu sur leurs sujets, mais beaucoup sur leurs auteurs. Dans les années 80, j’ai passé plusieurs mois à travailler dans un Centre d’Apprentissage pour Adultes à Londres. A l’époque, il y avait de nombreux débats sur la façon de désigner les gens qui avaient des « difficultés d’appren- tissage », souvent considérés comme des « handicapés mentaux ». L’un des « apprentis » de ce centre, Clive, m’avait confié qu’il pensait qu’on devrait les appeler « Les Chiens Obéissants ». Sa suggestion me revient à chaque fois que j’entends des gens bien intentionnés cherchant des mots politiquement corrects ; Clive est très certainement appelé un « client » maintenant. L’autre raison pour laquelle je regrette l’utilisation de l’expression « syndrome d’Asperger » est qu’elle induit un questionnement particulièrement malsain à mon goût : Christopher est-il une représentation fiable de quelqu’un souffrant de sa condition ? (…) On ne se poserait pas la question si le personnage était un violoncelliste, une lesbienne ou un archevêque. Un tel « modèle » n’existe pas. C’est également vrai pour les handicapés et les autistes, qui sont aussi variés et uniques que tout autre « groupe » de la société. Christopher est-il un personnage réaliste et crédible ? Telle est la vraie question, la seule que l’on devrait se poser face à tout personnage de fiction. Est-il suffisamment riche et multiple ? (…) A vrai dire, lorsque j’ai créé le personnage de Christopher, je me suis fait une liste de toutes ses croyances, habitudes, bizarreries et comportements, que j’ai empruntés à certains de mes amis et connaissances. Je ne nommerai pas celui qui ne peut pas manger si les différents aliments se touchent dans son assiette, ni celle qui ne peut pas s’asseoir sur des toilettes qui ont déjà été utilisées par un étranger. Il est cependant facile de remarquer qu’aucun des deux ne serait étiqueté « handicapé ». Ainsi, aucune des caractéristiques de Christopher ne sort en soi de l’ordinaire ; c’est le nombre et la combinaison de ses excentricités qui lui causent tant de difficultés. Bien sûr, mon roman parle du handicap et de l’attitude que nous adoptons face à lui ; mais son propos, bien plus large, englobe les mathématiques, la famille, l’espace, la mort, la loyauté, les cartes, Sherlock Holmes, la vérité, le courage, Swindon, les rails… (…) Si je voulais provoquer, je dirais que le sujet du Bizarre Incident n’est pas vraiment le personnage de Christopher. Ce dernier est un outsider, et l’attirance de l’écrivain pour les outsiders en tous genres vient uniquement du fait qu’ils lui permettent d’adopter un poste d’observation privilégié sur nous-mêmes. Si je voulais vraiment provoquer, je pourrais dire que Le Bizarre Incident n’est pas du tout un livre sur Christopher. Mais sur nous. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Mark Haddon A propos du roman (suite) Un adolescent autiste en quête du sens des choses et de la vie. Comme tous les autistes, Christopher ne comprend pas les métaphores et les plaisanteries – par exemple, « il fait un temps de chien » ou « avoir un squelette dans le placard » : « Je trouve qu’on ferait mieux d’appeler ça un mensonge, parce qu’un chien n’a rien à voir avec le temps et que personne n’a de squelette dans son placard. » Les hommes sont si bizarres avec les mots. D’un côté, ils les utilisent pour décrire des choses vagues qui n’existent pas. De l’autre, « ils parlent beaucoup sans se servir de mots » ; « quand les gens vous disent ce que vous devez faire, c’est généralement déconcertant et ça n’a pas de sens. Par exemple, ils disent souvent « Tais-toi », mais ils ne vous disent pas pendant combien de temps. » Pour Christopher, il est idiot de ne pas dire ce qu’on veut dire avec les mots adéquats. (…) Comme beaucoup d’autistes, il ne peut supporter qu’on le touche, même si c’est un très proche (père ou mère). Son père a trouvé un code : tendre la main en éventail pour solliciter un contact. Les autres qui cherchent le contact physique sans que ce soit forcément de l’agression suscitent en lui des réactions très violentes. Il n’aime ni le jaune, ni le brun, ni les aliments qui se touchent ; là encore, sont rendues avec finesse des caractéristiques fréquentes des personnes autistes : leurs phobies ou obsessions étranges, leur relation difficile à leur propre corps et à celui des autres, leur incapacité à synthétiser des informations parfois, même le contenu d’une assiette. (…) Cette histoire nous montre que la « folie » n’est pas forcément là où les hommes le disent. Christopher constate que les adultes mentent, ne cessent de se raconter des histoires inutiles ou absurdes, en tout cas sans logique. Ils fantasment, croient bêtement en Dieu ou s’imaginent qu’ils peuvent parler avec les morts. Ils veulent voyager et voir des choses nouvelles, comme si ce qui les entoure ne suffisait pas. Christopher dresse le constat. Il en souffre aussi. Il remarque, par exemple : « Je pense que les gens croient au paradis parce qu’ils n’ont pas envie de mourir, parce qu’ils veulent continuer à vivre et qu’ils n’ont pas envie que d’autres gens s’installent dans leurs maisons et jettent leurs affaires dans la poubelle. » Christopher, comme dans un classique roman d’éducation, va se lancer dans son parcours initiatique ; lui qui vit dans un univers globalement privé du sens que nous lui donnons (…) va mener une enquête sur sa propre vie et sur les mensonges de son père. (…) Les adultes devront apprendre à se montrer à la hauteur de cet adolescent, redoutablement efficace, lui, pour décaper nos erreurs et nos lâchetés. (…) La leçon du roman est inattendue : certes, Christopher est porteur d’un handicap lourd qui perturbe considérablement sa vie (…) ; mais ceux qui l’écoutent s’enrichissent à son contact et deviennent « neufs » comme si le contact accepté avec l’autisme nous rendait une part de notre innocence perdue : les autistes vont toujours à l’essentiel. (…) Un autiste est dans le monde alors que le sujet pensant cartésien, distinct de tout le reste, devenu objet, qui a modelé l’Occident, nous en a séparés à jamais. Jamais Christopher n’est présenté comme un malade mental à guérir ou à rééduquer mais comme une autre sorte d’humain, atypique, qui par la rareté et le caractère imprévisible de son comportement, nous donne au contraire une leçon de vie : dans la vie, pour comprendre, il faut se battre ; pour accepter une vérité difficile, il faut du cran ; pour résoudre un problème, il ne suffit pas d’être logique, enfin à la mode humaine…Pour accepter de vivre, tout simplement, il faut chercher un vrai sens aux mots, aux choses et regarder notre finitude en face : Christopher ne fait pas de la mort un tabou comme le font les Occidentaux… Danièle Langloys, www.autisme42.org Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants A propos de l’adaptation théâtrale InterviewS de Simon Stephens – Qu’est-ce qui vous a poussé à adapter Le Bizarre incident… pour la scène ? Mark m’a demandé de le faire pour lui. J’en ai été immensément flatté, tout d’abord parce que j’avais adoré son œuvre, mais aussi parce qu’elle m’avait inspiré plusieurs pièces avant même que je rencontre son auteur. J’étais à la fois intimidé par la célébrité du roman initial et fasciné par le défi que représente toujours une nouvelle adaptation d’un roman au théâtre. En lisant le roman, j’ai été extrêmement intrigué par les parents de Christopher. Je me demandais à quoi ces deux personnages clés pourraient bien ressembler ; et quel meilleur moyen de le découvrir que de transposer l’œuvre sur scène ? – Comment vous y êtes-vous pris pour adapter un roman que son auteur lui-même qualifiait d’ « ‘‘intransposable’’ au plateau » ? Les dialogues sont dotés d’une force théâtrale inhérente. Je les ai tous retranscrits, à part. C’est en effectuant ce travail que j’ai pensé à utiliser le personnage de Siobhan comme narrateur. Elle est l’un des trois seuls personnages qui lisent le livre de Christopher, et son point de vue pourrait se rapprocher de celui du lecteur. Je crois aussi que beaucoup de gens peuvent s’identifier à cette relation que maintient Christopher avec son professeur favori. Elle est un personnage périphérique dans le roman mais devient absolument centrale dans la pièce. – Pourquoi pensez-vous que cette histoire attire un si large public, aussi bien de lecteurs que de spectateurs ? Je pense que c’est une histoire de famille. Ça parle de ce que c’est d’élever un enfant, ou bien d’être élevé par ses parents. C’est aussi une célébration du courage, qui se manifeste ici dans un environnement des plus inattendus. – L’adaptation théâtrale a-t-elle été une collaboration entre vous et Mark ? Presque pas du tout. Il m’a dit que j’avais carte blanche. Il a été très encourageant durant tout le processus d’écriture, et suivait mon travail. Il le suivait cependant d’assez loin pour que je puisse écrire librement. – Quand vous avez adapté ce roman, aviez-vous déjà l’idée que l’histoire pourrait se dérouler, sur scène, à l’intérieur même de l’esprit de ce garçon ? Je crois que c’est une idée forte, que Mark Haddon lui-même jugeait pertinente et vers laquelle il me poussait. (…) La façon dont le cerveau de Christopher fonctionne fait penser à un ballet. L’agilité avec laquelle il passe d’une pensée à une autre, puis à une autre encore, est l’agilité d’un danseur. Cette caractéristique du personnage se prête extraordinairement bien, sur le plateau, à une transcription physique de cette danse de l’esprit. Cela contribue grandement à rendre théâtral ce que le roman crée, en extériorisant de manière totale et concrète le cerveau - et la pensée - de Christopher Boone. Le fait qu’il danse physiquement est central sur le plateau, c’est par ce biais que son mode de réflexion atypique peut être transposé dans son comportement extérieur. » • Cuny TV, Theater Talk • What’s On Magazin, janvier 2015 Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Extraits de l’adaptation théâtrale extrait 1 CHRISTOPHER. – J’ai décidé que je vais essayer de découvrir qui a tué Wellington parce qu’un Bon Jour, c’est un jour pour faire des projets et organiser des choses. SIOBHAN. – Qui est Wellington ? CHRISTOPHER. – Wellington est un chien qui appartenait à ma voisine Mme Shears qui est notre amie mais maintenant il est mort parce que quelqu’un l’a tué en le transperçant avec une fourche. Et je l’ai trouvé, et après un policier a cru que je l’avais tué mais je ne l’avais pas tué, et ensuite il a essayé de me toucher alors je l’ai frappé et j’ai dû aller au commissariat. SIOBHAN. – Mince alors. CHRISTOPHER. – Et je vais trouver qui a vraiment tué Wellington et en faire un projet. Même si Papa m’a dit de ne pas le faire. SIOBHAN. – Il te l’a dit ? CHRISTOPHER. – Oui. SIOBHAN. – Je vois. CHRISTOPHER. – Je ne fais pas toujours ce qu’on me dit. SIOBHAN. – Pourquoi ? CHRISTOPHER. – Parce que quand les gens disent quoi faire, en général ça embrouille et ça ne veut rien dire. Par exemple, les gens disent souvent « tais-toi » mais ils ne disent pas pendant combien de temps on doit se taire. SIOBHAN. – Non. Pourquoi ton père t’a dit de ne pas essayer de découvrir qui a tué Wellington, Christopher ? CHRISTOPHER. – Je ne sais pas. SIOBHAN. – Christopher, si ton père t’a dit de ne pas faire quelque chose, peut-être que tu ne devrais pas le faire. Bon, aujourd’hui on est censé écrire des histoires, alors si tu écrivais ce qui vous est arrivé à toi et à Wellington ? CHRISTOPHER. – D’accord, je vais le faire. extrait 2 CHRISTOPHER. – Je crois qu’on tuerait un chien seulement si a) on le déteste ou b) on est fou ou c) on veut faire de la peine à Mme Shears. Je ne connais personne qui détestait Wellington donc si c’est a), c’est sans doute un étranger. Je ne connais pas de fous non plus, donc si c’est b), c’est sans doute aussi un étranger. SIOBHAN. – D’accord. CHRISTOPHER. – Mais la plupart des meurtres sont commis par quelqu’un que la victime connaît. En fait, on a plus de chances de se faire assassiner par un membre de sa famille le jour de Noël. SIOBHAN. – C’est vrai, ça ? CHRISTOPHER. – Oui, c’est vérifié. Il y a donc beaucoup de chances que Wellington ait été tué par quelqu’un qu’il connaissait. Je connais une seule personne qui n’aimait pas Mme Shears, et c’est M. Shears qui a divorcé de Mme Shears et qui l’a laissée pour aller vivre ailleurs et qui connaissait très, très bien Wellington. Ce qui veut dire que M. Shears est mon suspect numéro un. SIOBHAN. – Christopher. CHRISTOPHER. – Je vais prendre des renseignements sur M. Shears. extrait 3 ED. – Je viens d’avoir un coup de fil de Mme Shears. Qu’est-ce que tu foutais à fouiner dans son jardin ? CHRISTOPHER. – Je faisais des investigations pour essayer de trouver qui a tué Wellington. ED. – Combien de fois il faut que je te le dise, Christopher ? Je t’ai dit de ne pas fourrer ton nez dans les affaires des autres. CHRISTOPHER. – Je crois que c’est sans doute M. Shears qui a tué Wellington. ED. – (crie) Je ne veux pas entendre prononcer le nom de cet homme dans ma maison. Temps. Tout le monde sur scène s’arrête et regarde Ed et Christopher. CHRISTOPHER. – Pourquoi ? ED. – Cet homme est méchant. CHRISTOPHER. – Ça veut dire qu’il aurait pu tuer Wellington ? Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Mark Haddon Mark Haddon est né à Northampton en 1962. Après avoir obtenu ses diplômes en littérature anglaise à l’université d’Oxford et d’Edimbourg, il travaille avec des enfants et adultes handicapés mentaux et physiques. Egalement illustrateur et dessinateur humoristique, il collabore au New Statesman, Spectator, Private Eye, Sunday Telegraph et The Guardian. Il publie son premier livre pour enfants en 1987, Gilbert’s Gobstopper, suivi d’une quinzaine d’autres volumes dont il assure souvent lui-même l’illustration, comme pour The Sea of Tranquillity (1996). Il est l’auteur des séries Baby Dinosaurs et Agent Z dont Agent Z and the Penguin from Mars a été adapté en une série télévisée pour enfants. A partir de 1996, outre des séries pour la radio, Haddon travaille sur plusieurs projets pour le petit écran et est récompensé par la Royal Television Society Award. En 2003, il publie The Curious Incident of the Dog in the Night-Time (Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit), un succès retentissant et immédiat en Grande-Bretagne puis dans le monde entier, qui obtient le prestigieux prix Whitbread du Meilleur roman et le prix Commonwealth Writers du Meilleur Premier livre. Son deuxième roman A Spot of Bother est sorti en 2006 (paru en français, en 2007, sous le titre Une situation légèrement délicate). Auteur complet, Haddon a également publié un recueil de poésie The Talking Horse and the Sad Girl and the Village Under the Sea (2005). Mark Haddon vit à Oxford avec sa femme et leurs deux enfants. Simon Stephens Simon Stephens est l’un des auteurs les plus en vue parmi la nouvelle génération de dramaturges anglais. Né à Stockport (Manchester) en 1971, il entreprend des études d’Histoire à l’université de York et y découvre le théâtre. Il commence à écrire à l’âge de 21 ans, s’installe à Édimbourg et monte ses pièces dans des théâtres indépendants. En 1998, Bluebird, créée par G. Anderson, est très remarquée au Festival des jeunes auteurs du Royal Court à Londres, qu’il intègre en 2000 comme auteur en résidence et où il enseignera dans le cadre du Young Writers Programme de 2001 à 2005. Il y écrit Herons (2001). Puis à Manchester, en résidence au Royal Exchange, il écrit Port (2002). Qu’elles explorent le mode de vie familiale et individuelle de la classe ouvrière ou de la classe moyenne anglaises, ses pièces dessinent un paysage du nouveau millénaire aussi exact, âpre, noir et désespéré qu’empreint d’un humanisme tendre, une forme d’espérance. Ses personnages, perdants ou victimes, ne cessent de se débattre pour échapper à leur enfermement. Si son œuvre rejoint la grande tradition du naturalisme anglais, son réalisme est d’abord poétique. Dans One Minute (2003), Stephens approche l’écriture du « cauchemar urbain » de façon plus expérimentale. Puis viennent : Christmas (2004), Country Music (2004), On the Shore of the Wide World (2005 ; prix Olivier de la Meilleure Pièce), Motortown (2006), Pornography (2007), Harper Regan (2008), Seawall (2009), Heaven (2009), Punk Rock (2009), A Thousand Stars Explode in the Sky (2010), T5 (2010), Marine Parade (2010) et The Trial of Ubu (diptyque avec Ubu Roi, 2010). Sa pièce la plus connue est The Curious Incident of the Dog in the Night-Time (Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, 2010) d’après le roman de Mark Haddon ; après des productions en Angleterre et en Allemagne, la pièce est montée sur Broadway en septembre 2014 ; elle sera jouée pour la première fois en France en septembre 2015, dans la mise en scène de Philippe Adrien. Ses autres pièces présentées en France ont été mises en scène par Tanya Lopert : Country Music (en 2006) et Punk Rock (2013) ; Laurent Gutmann Pornography (2010) ; Lucas Hemleb Harper Regan (2011). Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Philippe Adrien • Fonde en 1985 l’Atelier de recherche et de réalisation théâtrale (ARRT) à la Cartoucherie. • Directeur du Théâtre de la Tempête depuis 1996. • Professeur au Conservatoire national d’art dramatique de 1989 à 2003 et auteur de Instant par instant, en classe d’interprétation (éd. Actes Sud-Papiers). • A réalisé récemment : Bœsman et Léna de A. Fugard ; La Maison d’à côté de S. White (Théâtre du petit St-Martin) ; La Grande Nouvelle de J.-L. Bauer et Ph. Adrien ; L’École des femmes de Molière (nomination pour le Molière 2014 de la mise en scène du Théâtre public, en tournée depuis novembre 2014) ; Protée (Prix Poquelin) et Partage de midi de P. Claudel (nomination Palmarès du théâtre 2013) ; Exposition d’une femme d’après B. Solange ; Bug ! de J.-L. Bauer et Ph. Adrien ; L’Affaire de J.-L. Bauer ; Les Chaises de E. Ionesco ; La Tortue de Darwin de J. Mayorga ; Le Dindon de G. Feydeau (4 nominations aux Molières 2011)… C’est à la fin des années 60 que Philippe Adrien, alors acteur, se fait connaître comme auteur dramatique : La Baye montée en 1967 par Antoine Bourseiller, avec Jean-Pierre Léaud et Suzanne Flon – puis trente ans plus tard par Laurent Pelly – révèle déjà un goût et un art du désordre qui plus tard mèneront Philippe Adrien vers des auteurs « irrévérencieux » : Jarry, Gombrowicz, Witkiewicz, Cami ou encore Copi… Le metteur en scène s’affirmera dans les années 70 au sein d’un travail collectif d’expérimentation : L’Excès d’après Georges Bataille ; L’Œil de la tête – effet Sade (auteur qu’il retrouvera en 1989 avec le texte d’Enzo Cormann Sade, concert d’enfers) ; Le Pupille veut être tuteur de Peter Handke ; La Résistance : autant de questions ou provocations au théâtre, à son cadre, à ses contenus. C’est en Allemagne qu’il aborde pour la première fois un auteur du répertoire : Molière, qu’il ne quittera plus ; ce seront Dom Juan, George Dandin, puis une pièce qu’il lui consacre en 1979 : Le Défi de Molière. Le début des années 80 va constituer une charnière : Jarry (Ubu roi et Ubu cocu), Witkiewicz (La Poule d’eau) prolongent le geste libérateur et provocateur du cycle précédent : le théâtre y reste défini comme transposition scénique de processus mentaux, et c’est avec l’œuvre de Kafka que ce mouvement va ensuite cristalliser : Une Visite, adaptation de L’Amérique, en révèle la dimension loufoque et jubilatoire. Rêves de Kafka place l’activité onirique au cœur même de la création. Nommé en 1981 directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, à la suite d’Antoine Vitez, Philippe Adrien y présente Monsieur de Pourceaugnac de Molière, Homme pour homme de Brecht, La Funeste Passion du professeur Forenstein dont il est l’auteur, et La Mission de Heiner Müller. En 1983, il est invité à mettre en scène à la Comédie-Française Amphitryon et Le Médecin Volant de Molière. Suivront, avec la même troupe, Maman revient, pauvre orphelin de Jean-Claude Grumberg, Point à la ligne de Véronique Olmi, L’Incorruptible de Hugo von Hofmannsthal, Monsieur de Pourceaugnac de Molière, Extermination du peuple de Werner Schwab, Arcadia de Tom Stoppard et Les Bonnes de J. Genet. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Dans le même temps, Philippe Adrien met en scène Tennessee Williams à deux reprises : Un tramway nommé désir, avec Caroline Cellier, au Théâtre Eldorado, puis Doux oiseau de jeunesse, avec Claudia Cardinale, au Théâtre de la Madeleine. Cette période est aussi pour Philippe Adrien marquée par son enseignement (1989-2003) au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. De nombreux projets naîtront de cette pratique du répertoire : Shakespeare (Hamlet, puis Le Roi Lear), Marivaux (Les Acteurs de bonne foi et La Méprise), Claudel (L’Annonce faite à Marie), Brecht (La Noce chez les petits bourgeois), Beckett (En attendant Godot), Vitrac (Victor ou les enfants au pouvoir), Gombrowicz (Yvonne, princesse de Bourgogne), Copi (L’Homosexuel), Armando Llamas (Meurtres de la princesse juive)… et en 2010, Le Dindon de Feydeau, récompensé par 4 nominations aux Molières, 3 années de tournée et une reprise estivale au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Ses relations avec le continent africain ont conduit Philippe Adrien à monter au Théâtre de la Colline Kinkali d’Arnaud Bédouet (Molière du meilleur spectacle de création en 1997) ; à aborder la question de la colonisation avec Mélédouman de Philippe Auger, puis Le Projet Conrad, adaptation de la nouvelle Un Avant-poste du progrès et, en 2014, Boesman et Lena de l’auteur sud-africain Athol Fugard. Il porte aussi à la scène le roman d’Amos Tutuola L’Ivrogne dans la brousse. Par ailleurs, une fructueuse collaboration avec Bruno Netter, acteur aveugle, et la Compagnie du Troisième Œil, composée de comédiens handicapés et valides, a donné une résonance inédite au Malade imaginaire de Molière en 2001, puis au Procès de Kafka, à Œdipe de Sophocle, à Don Quichotte de Cervantès et aux Chaises de Ionesco. On ne saurait dissocier le parcours artistique de Philippe Adrien du Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie, dont il est depuis 20 ans le directeur et le programmateur : lieu d’accueil et de création, ouvert aux jeunes compagnies comme aux metteurs en scène confirmés, aux propositions les plus contemporaines comme au vaste trésor du répertoire. Ces dernières années, La Mouette puis Ivanov ont placé Tchekhov parmi les auteurs de référence de Philippe Adrien, aux côtés de Claudel - Partage de midi, Protée - et de Molière - L’École des femmes, spectacle nominé pour les Molières 2014 et 2015, en tournée jusqu’en 2016. Ce répertoire dramatique ne saurait cependant éluder l’inquiétude et la curiosité dont témoignent les auteurs contemporains : Juan Mayorga La Tortue de Darwin, Werner Schwab Excédent de poids, insignifiant amorphe, et d’après Blandine Solange Exposition d’une femme, lettre d’une psychotique… Enfin, deux pièces coécrites avec Jean-Louis Bauer : Bug ! se propose, sous la forme d’un périple rêvé à travers notre mémoire et les enjeux scientifiques et artistiques actuels, de « faire un point » sur notre civilisation ; La Grande Nouvelle, variation contemporaine du Malade imaginaire, ironise sur le désir actuel d’immortalité. Nature – selon Molière ; Vie – selon Tchekhov ; Esprit – selon Claudel : tels pourraient être les maîtres mots d’un parcours qui ne cesse de mettre en tension – sans espoir de résolution – ordre et désordre, contrainte et liberté, forces et forme, fini et infini, soit un portrait de l’humanité « aussi proche des poubelles que de l’éternité ». Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Les artistes du Bizarre Incident… Sébastien Bravard Formation à l’École du Théâtre national de Strasbourg. A joué notamment avec A.-L. Liégeois La Duchesse de Malfi de Webster, Rapport aux bêtes de Revaz, Édouard II de Marlowe, Embouteillage, et La Maison d’os de Dubillard ; G.-P. Couleau Les Justes de Camus ; J.-M. Patte La Comédie de Macbeth et Manque de Kane ; G. Delaveau Peer Gynt d’Ibsen ; G. Bouillon Songe d’une nuit d’été de Shakespeare et La Surprise de l’amour de Marivaux ; B. Sobel Bad Boy Nietzsche de Foreman ; J.-B. Sastre Tamerlan de Marlowe ; P. Golub La Puce à l’oreille de Feydeau, Le Cabaret de la Grande Guerre de Dugowson ; A. Bas Matériau Platonov d’après Tchekhov et aussi C. Thiry, G. Shelley, E. Cormann, N. Casale, G. Aperghis, E. Pommeret… Cofondateur de la cie Les Loups : Canis Lupus, Les Éphémères d’après Les Vagues de V. Woolf et Peuçot (en tournée 2015). Pierre Lefebvre Formation au Studio-théâtre d’Asnières. A joué notamment avec Ph. Adrien L’Ivrogne dans la brousse deTutuola, L’Ecclésiaste, Rêves, Le Dindon de Feydeau, Bug ! et La Grande Nouvelle de Bauer et Adrien, L’École des femmes de Molière ; A. Madani Méfiez-vous de la pierre à barbe, et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ; J.-P. Klein Rien à lui, tout à lui ; M. Cochet En voie / En voix d’Hikikomori de Schivre… Cinéma avec Ph. Locquet Je vous aime très beaucoup. Télévision avec L. David Cours toujours. Bernadette Le Saché ComédieFrançaise de 1977 à 1981. A notamment joué avec J. Rosner Le Mariage de Figaro de Beaumarchais ; J.-P. Roussillon L’École des femmes de Molière ; J.-L. Boutté Les Acteurs de bonne foi de Marivaux et Edith Détresses de Bauer ; G. Strehler La Villégiature de Goldoni ; P. Ionesco La Célestine de De Rojas ; M. Lonsdale La Vie mode d’emploi de Perec et Les Premières fiançailles de Franz K. de et avec B. Le Saché et M. Lonsdale ; L. Mayor Le Chemin de Damas de A. Strindberg ; J.-L. Paliès Les Jardins de France de Doutreligne ; J. Champagne Les Femmes russes ; A. Campo L’Histoire du soldat de Stravinsky et Ramuz ; L. Terzieff Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot ; A. Alexis Les Sincères de Marivaux ; A.-L. Liégeois Embouteillage ; D. Wittorski Ohne ; Ph. Adrien Le Dindon de Feydeau et Bug ! de Bauer et Adrien ; G. Wilson Turandot de Brecht ; L. Wurmser Entre les actes de Woolf ; P. Houriet, J.-L. Bauer… Cinéma avec J. Doillon, B. Tavernier, V. Schlöndorff, C. Chabrol, A. De Caunes… Télévision avec S. Moati, G. Mordillat et N. Companeez. Laurent Ménoret Formation au Conservatoire national d’art dramatique. A joué notamment avec L. Laffargue Les Géants de la montagne de Pirandello ; G. Lavaudant La Mort d’Hercule d’après Euripide ; J.-Y. Ruf Mesure pour mesure de Shakespeare ; C. Poirée Dans la jungle des villes de Brecht, Beaucoup de bruit pour rien et La Nuit des rois de Shakespeare ; E.-A. Maillet Hiver de J. Fosse ; Ph. Adrien Bug ! de Bauer et Adrien ; M. Rémond André ; J. Châtel Petit Eyolf d’après H. Ibsen… Cinéma avec J.-M. Ribes, A. Malherbe, A. Resnais et B. Podalydès. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Laurent Montel Pensionnaire à la ComédieFrançaise, de 1997 à 2002, il joue sous la direction de T. Hancisse, J. Lavelli, J. Connort, D. Mesguich, N. Lormeau, G. Werler, V. Vella, et avec D. Mesguich Le Diable et le bon Dieu de Sartre, Dom Juan de Molière, Le Prince de Hambourg de Kleist, Cinna de Corneille et Hamlet de Shakespeare… ; W. Mesguich Comme il vous plaira de Shakespeare ; S. Anglade L’Oiseau vert de C. Gozzi et Le Cid ; J.-L. Benoit De Gaulle en mai d’après Foccart, La Nuit des rois de Shakespeare. Il écrit avec S. Gabrielle la trilogie jeune public Eby… jouée partout en France. Il travaille avec l’ensemble musical FA7 pour qui il écrit Petit Tom et Pierre de la lune (avec le compositeur O. Dejours), et conçoit Veillée douce avec S. Frydman. Juliette Poissonnier Formation au Conservatoire national d’art dramatique. A joué notamment avec Ph. Adrien Le Dindon de Feydeau, Bug ! de Bauer et Adrien ; J.-M. Patte Titre provisoire ; T. Lavat La Maman et la putain de Eustache, Êtes-vous prêts à servir votre reine de Chouchan, Pique-nique au bord du Styx de Recoing ; J. Nichet Le Jour se lève, Léopold de Valletti et Casimir et Caroline de Horváth ; L. Laffargue Othello et Le Songe d’une nuit d’été ; E. Demarcy-Motta Marat-Sade de Weiss ; I. Ronayette On ne badine pas avec l’amour de Musset ; X. Letourneur J’aime beaucoup ce que vous faites de Greep ; L. Fréchuret Ouz de Calderón ; B. Lavigne Le Palmarès du théâtre, Variations théâtrales ; G. Darier Qui est qui ? ; J. Franco et G. Mélanie Pour combien tu m’aimes ?. Cinéma avec M. Berry, M. Charef, Ph. Garel, M.-F. Pisier, A. Berberian, A. Chabat, P. Braoudé, J. Biras, O. Doran, P. Leconte, V. Guignabodet, D. Le Pêcheur… Mireille Roussel Formation au Conservatoire national d’art dramatique. A joué notamment avec Ph. Adrien Grand Peur et misère du IIIe Reich de Brecht ; L. Lagarde Le Petit Monde de Courteline, Sœurs et Frères de Cadiot, Platonov et Ivanov de Tchekhov, Le Cercle de craie caucasien de Brecht, Oui dit le très jeune homme de Stein ; N. Casale Antoine et Cléopâtre de Shakespeare ; J.-Y. Lazennec Voyage en Sicile de Pirandello ; N. El Azan Le Collier d’Hélène de C. Fréchette ; Célie Pauthe S’agite et se pavane de Bergman ; R. Muňoz Majorette ! de R. Muňoz et M. Roussel. Cinéma avec L. Achard, C. Corsini, J.-P. Civeyrac, Ph. Garrel, B. Cauvin, F. Girod, B. Sy, P. Rabate… Tadié Tuéné Comédien de 1974 à 1983 au Centre culturel français de Yaoundé au Cameroun ; intègre ensuite le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. A joué notamment avec D. Lykoudis Œdipe à Colone d’après Sophocle ; M. Touré Orphée noir d’après Senghor ; D. Lurcel Mange-moi et Debout de N. Papin, Une saison de machettes d’après Hatzfeld ; Ph. Adrien L’Ivrogne dans la brousse de Tutuola, Le Projet Conrad, Bœsman et Léna de Fugard ; A. Bourseiller Le Bagne de Genet ; V. Goethals Bureau national des Allogènes, Et si nos pas nous portent de Cotton ; G. Dambury Verre cassé d’après Mabanckou. Conteur et animateur au Festival de l’enfance en Guadeloupe. Nathalie Vairac A joué notamment avec Ph. Adrien Bœsman et Léna de A. Fugard, Andromaque de Racine, La Noce chez les petits bourgeois de Brecht (version créole) ; O. Jeannelle Les Caprices de Marianne de Musset ; S. Limbvani Othello ; A. Ollivier Les Nègres de Genet ; S. Kouyaté Œdipe de Sophocle ; S. Joco Elle de Genet ; J.-C. Sormain Microfictions d’après Jauffret ; S. Akrich Lettres à l’humanité de Pliya. Cinéma avec Amar Saraka Bâ ; P. Legitimus Antilles sur Seine ; H. Henriol Les Baobabs ne poussent pas en hiver. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants Pistes pédagogiques Le roman de Mark Haddon, Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, publié en Angleterre en 2003 et en France en 2004, fait partie de ces livres dont le succès scolaire est assuré tant il réunit de conditions pour une exploitation pédagogique multiple. C’est d’ailleurs le pari des éditeurs puisqu’il est paru en poche chez Pocket en collection classique et en collection pour la jeunesse, celle-ci étant agrémentée d’un riche dossier littéraire et pédagogique réalisé par Sylvie Barès. Nous vous invitons à consulter par ailleurs les pistes pédagogiques proposées par : • Catherine Mercier, du Lycée Yourcenar (Beuvry) : http://www.recherches.lautre.net/wp-content/uploads/2014/06/ r46_109-124_mercier_1_modifie.pdf Interventions en milieu scolaire, rencontres avec vos élèves… Nous pouvons organiser pour vos élèves, en amont ou à l’issue de la représentation à laquelle ils assisteraient, une rencontre ou un atelier de pratique théâtrale avec un ou plusieurs artistes du spectacle. Pour en savoir plus sur les modalités pratiques et possibilités de calendrier, vous pouvez contacter : • Amandine Lesage, pour les représentations au Théâtre de la Tempête (du 11 septembre au 18 octobre 2015) : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] • Guillaume Moog, pour les représentations en tournée (saison 2016/17) : tél. 01 43 65 66 54 - [email protected] Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit : dossier à l’attention des enseignants
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