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YVONNE, PRINCESSE DE BOURGOGNE

De Witold Gombrowicz

DOSSIER

Compagnie Via Nova

Durée : 1h45

L’EQUIPE

La compagnie Via Nova se saisit joyeusement de ce texte pour une version résolument moderne et décapante. Un théâtre déambulatoire, qui entraîne les spectateurs dans une aventure riche et jouissive. Un temps partagé.

Mise en scène Juliette Delfau et Jérémie Chaplain

Avec :

Hélène Catrysse, Jérémie Chaplain, Luc Chareyron, Nicole Ciappara,

Emmanuel Cuchet, Juliette Delfau, Fabien Dubus, Stéphanie Gomez,

Pascal Guérin, Zabel Kasparian, Ingrid Lebrasseur, Annie Perrier, Régis

Ranc, Edouard Tchokaklian, Estelle Thibaudeau

Scénographie et régie générale : Valérie Thomas

Création costumes : Dominique Fournier, en partenariat avec le Lycée

Victor Hugo de Valence

Création musicale et chansons : Nicole Ciappara

Spectacle soutenu par le Conseil général de la Drôme et Quai de scène

L’

HISTOIRE

Un texte à l’âme shakespearienne, dans une version rock n’roll.

Il était une fois, un royaume, un roi, une reine et leur fils, Philippe, séducteur désenchanté, fatigué de son rôle de Prince, comme échoué dans une cour servile…un prince à l’âme vacante. Pourtant, le jour où Philippe rencontre Yvonne, une jeune fille dépourvue du moindre charme, empotée, apeurée et décidément muette, il décide, envers et contre tout, et aussi contre tous, de l’épouser. Par défi lancé aux conventions mais aussi à sa propre nature, Philippe impose sa fiancée à une société mesquine, gangrenée qui ne tarde pas à percevoir en cette jeune fille si différente d’elle-même le révélateur de ses propres vices !

Yvonne est un paradoxe. Tout ensemble présence et absence, bruit intolérable, insupportable et silence effrayant de l’évidence, de la vérité du monde et des êtres, laideur et beauté intérieure. Alors les désordres enfouis, les secrets les mieux gardés, les crimes cachés refont surface. L’élite même du royaume tremble, personne n’est plus à l’abri de l’ « effet » Yvonne. Ni le roi ni la reine ni même Philippe. Objet de moquerie, Yvonne devient la femme à abattre, le danger mortel qui menace une société qui ne peut survivre qu’en l’éliminant. Il faut agir et vite…

L’

AUTEUR

: W

ITOLD

G

OMBROWICZ

« C'était la première fois que je voyais tout un groupe humain se transformer promptement en chien par mimétisme et pour fuir une humanisation trop intensive. »

Ferdydurke, Gombrowicz

Issu d'une famille de la noblesse terrienne de la région de Varsovie, Witold

Gombrowicz étudie le droit à l'Université de Varsovie, puis la philosophie et l'économie à l'Institut des hautes études internationales de Paris. La publication des Mémoires du temps de l'Immaturité en 1933 puis de

Ferdydurke en 1937 l'impose comme l'enfant terrible de la littérature moderne polonaise. Arrivé en Argentine pour un court séjour en 1939, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie le dissuade de rentrer en

Europe. Il finit par rester vingt-cinq ans en Argentine. L'œuvre de

Gombrowicz, interdite en Pologne par les nazis puis par les communistes, tomba dans un relatif oubli jusqu'en 1957 où la censure fut levée provisoirement. Gombrowicz revient en Europe en 1963, à Berlin d'abord grâce à une bourse de la fondation Ford. Son œuvre connaît alors un succès croissant en France et en Allemagne. En 1967, Cosmos reçoit le Prix

International de Littérature.

Witold Gombrowicz a commencé à écrire Yvonne,

princesse de Bourgogne en 1933, pendant qu’il veillait son père malade. Une anecdote familiale, sa soeur: des prétendants réunis chez un chaperon, tout le monde se

« vend », fait sa cour. Elle reste mutique, chacun la pousse à parler, jusqu’à ce que ce soit insupportable : elle s’enfuit sous les regards médusés, devant tant d’incorrections. Terminée en 1935, la pièce fut publiée dans la revue Skamander en 1938. L’auteur apporta quelques modifications à son texte de 1938.

En particulier, les vingt-cinq répliques - d’un ou de quelques mots - du personnage d’Yvonne ont été réduites

à sept dans cette édition qui a servi de modèle pour les traductions étrangères.

Trois ans plus tard, il a fait de nouvelles coupures dans cette version française : il a enlevé, entre autres, les sept répliques d’Yvonne, la rendant ainsi muette.

Gombrowicz a ajouté à côté de son nom : «Elle se tait.»

Cette première pièce de théâtre de Witold Gombrowicz contient déjà la hantise de « l’anarchie illimitée de la forme » que l’écrivain développera tout au long de son

œuvre.

L

ECRITURE DE

W

ITOLD

G

OMBROWICZ

:

LITTERATURE ET PROJECTION THEATRALE

La langue de Gombrowicz est subversive, terriblement contemporaine. Yvonne, Princesse de Bourgogne nous entraîne par une mise en abîme radicale à interroger notre société, ses fondements, ses lois. Qui sommesnous ? Des êtres singuliers, des êtres collectifs ? Des agneaux, des monstres ? Tout cela à la fois, nous sommes

Yvonne et nous la haïssons parce que nous ne pouvons nous définir que par rapport aux autres que nous côtoyons.

Gombrowicz suggère, dans plusieurs annexes et notes, d’accentuer tous éléments grotesques et comiques, sans pour autant perdre la tension dramatique de l’histoire.

Car il s’agit aussi d’un drame : un meurtre. Il conseille des éléments fantaisistes dans les costumes, il souligne l’étrange des personnages. C’est dans cet esprit que nous avons pensé notre aventure : terriblement baroque mais aussi abyssalement métaphysique.

« Vous savez, quand on vous voit, il vous vient des envies…des envies de se servir de vous : vous tenir en laisse par exemple, et vous botter le train, ou vous faire travailler à la chaine, ou vous piquer avec une aiguille. Ou vous singer. Vous tapez sur les nerfs, vous mettez en boule, vous êtes une vivante provocation !

Oui, il existe des

êtres qui semblent faits pour irriter, exciter, rendre fou ! Cela existe…Ils vont par le monde et chacun finit par tomber sur le sien (…) Comme vous vous taisez bien ! Et l’air outré en plus !

Ah, cette morgue, cette hargne ! Non, je deviens fou !

Chacun possède quelque part un

être prédestiné

à vous rendre fou. Vous êtes le mien ! Vous serez à moi ! »

(extrait)

L

E METTEUR EN SCENE

Juliette Delfau a été formé d’abord à l’Ecole Florent, dont elle intègre rapidement la classe Libre, puis à l’ENSATT (école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre), dont elle sort en 2002. Elle est engagée dans la foulée dans la troupe permanente de la Comédie de Valence, sous la direction de Philippe Delaigue et Christophe Perton. Elle y restera jusqu’en

2009, parce que c’est une aventure forte, collective. Elle joue dans de très nombreuses créations, sous la direction de différents metteurs en scène, tels que Jean-louis Hourdin, Michel Raskine, Yann-Joel Collin, Laurent Hattat,

Olivier werner, Volodia Serre, Caroline Guiela... Après plusieurs assistanats, elle crée ses propres mises en scène, tout en continuant son métier d’actrice.

Responsable pédagogique et logistique de la formation à la Comédie de

Valence pendant 4 ans, elle dirige toujours de nombreux ateliers de formation pour tous âges et tous niveaux. Elle poursuit encore également son partenariat avec la Comédie, notamment dans le cadre des Hors scènes auprès des publics lycéens, en intervenant dans les classes, et de l’université.

Depuis 2010, elle codirige la ligne artistique de la Compagnie Via Nova.

Ses dernières créations en tant que metteur en scène :

« Yvonne princesse de Bourgogne » de Witold Gombrowicz

« Le secours étranger arrive quand la pluie est passée-Mémoires rwandaises »

écriture et montage J. Delfau

« Chienne d’histoire » ou l’écriture censurée de R. Baraheni, R .Arenas

« La campagne » M. Crimp

« Admirable »d’après N. Sarraute

« Je ne trompe pas mon mari » G. Feydeau

« Coco » de B.M. Koltès

« Portraits Israël-Palestine » de P.

Sales

« Une parfaite chambre de malade » d’Y. Ogawa

« La fleur à la bouche » de L.

Pirandello

LA COMPAGNIE VIA NOVA

Créée en 2009, la Compagnie Via Nova est un collectif artistique, regroupant des acteurs et metteurs en scène, danseurs et chorégraphes, chanteurs et musiciens.

Elle poursuit une logique de création de spectacles et d’actions artistiques en région Rhône-Alpes. La direction artistique en est confiée à Juliette Delfau et

Jérémie Chaplain.

Une logique et un besoin de création

La Compagnie Via Nova a travaillé pendant plusieurs saisons avec le CDN

Drôme Ardèche - La Comédie de Valence, sur la création de spectacles dans le cadre des Hors Scène et en 2010, elle écrit un spectacle en réponse à une commande de l'association Survie! et de la Semaine de la Solidarité Internationale:

« Le secours étranger arrive quand la pluie est passée » sur le génocide rwandais. Créé pour la première fois au théâtre de la Ville de Valence, le spectacle a été repris cette saison en Rhône Alpes et tournera encore en 2012-2013.

Plusieurs créations sont en tournée cette saison : « Yvonne, princesse de

Bourgogne » de W.Gombrowicz, fantaisie ambulante et dinatoire, « C’est pour

mieux te manger » spectacle jeune public, lauréat des « Actions culturelles

Collège » du Conseil général de la Drôme. Deux spectacles également subventionnés par le conseil général de la Drôme.

Et puis une résidence…La communauté de communes du bassin d’Annonay nous a proposé cette saison d’être le fil rouge de l’aventure théâtrale du territoire ! Au programme créations, reprises de spectacles, mise en place d’un comité de lecture, ateliers auprès des jeunes en difficulté, projet de quartier avec et pour les habitants, et bien d’autres choses…

Une évidence de transmission

La Compagnie s’engage auprès du public scolaire qu’il soit collégien ou lycéen depuis plusieurs années et accompagne tous les élèves assistant à ses spectacles, en intervenant dans les classes sous forme d’actions pédagogiques pertinentes: du simple accompagnement autour d’un spectacle, au partenariat de création de costumes permettant aux élèves une première expérience professionnelle… Cette année encore, la compagnie a mis en place des stages de formation tous publics avec différents artistes auprès de qui elle s’associe pour la saison.

A travers diverses expériences, la Compagnie souhaite affirmer une ligne forte, avec un théâtre exigeant, joyeux, généreux et placer l’enjeu artistique au cœur d’un projet de société et de territoire. La compagnie est particulièrement attentive à inventer un théâtre qui aille

à la rencontre des habitants

, et associer, toujours davantage, les publics se situant au-delà du cercle des habitués des spectacles théâtraux, aux créations de la saison.

Pour plus d’infos : www.compagnievianova.fr

N

OTES DE MISE EN SCENE

Qu’est-ce qui est le plus fort, le plus dérangeant dans cette pièce ?

Est-ce le fait qu’elle soit amorale ?

Est-ce le fait qu’elle nous mette personnellement en face de nos propres incohérences ?

Est-ce le fait que, depuis 1938, elle n’a pas pris une ride et que notre société semble encore plus formatée, étouffante qu’avant.

C’est à un théâtre cynique, jouissif, bourré d’humour souvent noir, complexe que l’auteur nous invite . Il radiographie avec délice nos comportements humains et sociaux. Un scanner impitoyable de notre société. Les codes sont renversés, on se pose des questions qui aident à grandir, sur le « vivre ensemble », sur nous-mêmes.

Le questionnement devient vertigineux. Car la pièce est irréverencieuse, tant à l’égard des conventions sociales que des codes théâtraux. (Car il est bien là le théâtre !) La dramaturgie oscille parfaitement entre rire et angoisse. Yvonne permet à chacun de s’interroger, des bouleversements intérieurs , des mouvements de l’âme, avec des élans Sarrautiens. Ce sont de sombres questionnements, de profondes réflexions sur l’identité et la filiation. Yvonne nous confronte à notre propre humanité, et à la « forme » que nous choisissons de prendre dans nos rapports aux autres.

YVONNE,

MODE D

EMPLOI POUR UNE PRINCESSE DE

B

OURGOGNE

.

Yvonne exige une certaine dose d’autodérision. C’est une éponge, une matière.

Elle prend la forme, elle engloutit le corps de l’autre. Elle se définit parce qu’elle n’est pas : pas belle, pas causante, pas présente à la situation, impalpable, pas de réactions, pas de désirs…pas de sensations ? C’est une poupée de chiffon ? Mais comment peut-on, sans dire un mot, révéler autrui à lui-même ? Que cache t’elle au fond ? Car si elle ne dit rien, c’est bien qu’elle nous cache quelque chose !

# L

A SOCIETE ET

« Rien ne me rend plus grand que le malheur d’autrui »

Sous ses allures potaches, ce royaume de pacotille est bien plus dangereux qu’on ne l’imagine. C’est une monarchie sclérosée, un brin décadente, certes, mais totalitaire qui règne sur un univers surréaliste, absurde et déliquescent. Derrière ce vernis teinté de bonne éducation, cette oisiveté affichée, cette factice complaisance, cette chorégraphie savamment orchestrée, ces gens de cour intriguent et empoisonnent l’air. C’est palpable et c’est de cela que le prince souffre physiquement. Il étouffe. De tant de vide. L’air est épaissi par la paranoïa.

Le regard de l’autre, son approbation devient dès lors vital. Chacun se retrouve

épié et épieur, au nom de la collectivité.

Chaque personnage est engoncé dans sa propre caricature. Le règne du paraitre.

D’ailleurs, la première intuition est de changer Yvonne, de la rendre moins antipathique, de la transformer à son image : conforme à l’usage, conforme à ce qu’on en attend. Plus elle se fige, plus la cour enrage. Il faut qu’elle plie le genou, qu’elle se fonde dans la masse. Car que faire de cet être qui n’obéit pas, qui n’intègre pas le langage, les codes ni les règles.

Pour le prince, c’est une quête métaphysique…

Il est comme anesthésié, il ne ressent plus rien jusqu’à ce qu’Yvonne arrive. Mais a-t-il l’étoffe pour devenir cet autre rêvé : si vrai, si sincère, si profond ? Ne serait-il lui aussi lâche et futile ? Quel est le sens de son existence ? C’est un

Hamlet devant le spectre que Gombrowicz nous propose. C’est Macbeth devant la forêt. Il la hait, il l’aime, et il se bat dans cette dualité pour exister. Dès lors, le phénomène, la tentation Yvonne tourne à l’obsession.

Le monstre tapi dans l’ombre de chacun se réveille et révèle une rage exutoire, bestiale, profondément liée aux reflexes archaïques.

# …L

E CHAOS

Selon un principe que l’on pourrait qualifier de

« physique », les lois de cet univers jusqu’à présent reposaient sur un fragile

équilibre, où chacun pouvait nommer et identifier sa place et son rôle (comme dans une famille où chacun a son rôle à tenir, et parfois un champ personnel d’action très resserré : être ce qu’on espère de nous, ce qu’on en attend, et oublier son essence propre, ce qui fait de chacun de nous un être unique). Mais par la présence d’Yvonne, arrive le chaos. Ce dysfonctionnement est insupportable. Parce que justement, on ne sait pas exister autrement. Quand on la regarde, on se voit, on lit en soi-même comme dans un livre ouvert. Elle nous pousse dans nos retranchements. Quoi de plus vertigineux que de se retrouver acculer à ses propres semblants, ses petits mensonges, ses petites concession personnelles, ses petits arrangements ? Au pied du mur, comme on dit. L’élimination devient inévitable, il faut éradiquer la cause du mal.

L’origine.

C’est l’histoire d’un passage à l’acte. On est du côté de Racine, du coté des paroxysmes de Shakespeare. Pas de modération dans le comportement, pas de tempérance, ni retenue. C’est un acte forcément cinglé, exutoire, animal : car on rêve de dépecer, on rêve de tuer, de torturer. Au nom de la survie de l'espèce.

Nous venons du monde animal et notre cerveau archaïque fonctionne en termes de troupeau, meute, horde, fourmilière... C'est l'esprit grégaire. Nous continuons à faire vivre notre clan à travers nos comportements, nos décisions, nos vies. Rien ne meurt, mais rien ne se crée. Yvonne reveille nos pulsions enfouies, celles que nous

refoulons. C’est notre nature pathétique, notre bête humaine. Elle est agaçante, dérangeante certes, mais l’est-elle suffisamment pour organiser un meurtre collectif ?

# L

A PLACE DU SPECTATEUR

:

UN RAPPORT REINTERROGE

Un projet participatif pour une création artistique, un théâtre déambulatoire, qui entraine les spectateurs dans une aventure riche et jouissive.

Le public est invité en début de spectacle à partager, à appréhender les codes de la cour, et à respecter l’étiquette. Toute ridicule qu’elle soit, cette cour nous apparait bien sympathique.

C’est finalement assez étrange, tout ceci. Parce qu’on se retrouve témoin. Yvonne vient du public, ca pourrait être nous, mais en même temps, on sait bien que ce n’est que du « théâtre », non ? On truque, on fait croire que chacun pourrait devenir Yvonne, forcément. Cette Yvonne qu’on se retrouve peu à peu à détester

(car elle est quand même exaspérante, non ?)… La cour était quand même plus rigolote. La compassion pour le défavorisé s’essouffle un peu, et on rejoint progressivement les rangs des sadiques et des ignobles, qui rêvent d’en finir avec cette vilaine créature. Malgré soi. C’est un peu de manipulation dont il s’agit. Le spectateur fait l’expérience de cet « autre » infantilisé et incompris. Qui suscite dégout et fascination.

Que faire du dissemblable ? Que faisons-nous aujourd’hui de la différence ?

Pourquoi fantasmons-nous toujours d’avoir l’ascendant sur autrui ? Qu’est-ce que traiter quelqu’un en égal ?

C’est bien sûr la figure de l’étranger que nous interrogeons à travers cette

Yvonne .

Pourquoi avons-nous si peur de cet autre, si différent ? Pourquoi avons-nous si peur du regard de l’autre ? Comment se définit notre identité ? A quel ordre social appartenons-nous ? Ca veut dire quoi, appartenir ? Qu’est-ce que le libre arbitre ?

# TRAITEMENT DE L’ESPACE ET GRANDES DIRECTIONS DU JEU

L’espace

Les espaces ne sont pas réalistes, ils sont évoqués, le souci du « réel » importe peu, c’est « l’esprit baroque » qui triomphe. C’est une aventure déambulatoire, où le spectateur est plongé à chaque tableau dans une atmosphère différente, en

« terrain inconnu ». Comme Yvonne, il faut qu’il s’adapte à la nouvelle configuration, au nouvel angle de vue. Cela peut être inconfortable, car dans une

(trop) grande proximité avec ce qui se déroule, comme si l’on faisait parti de l’action, ou mis légèrement à distance, pour parfois souffler et laisser agir la pensée et l’analyse.

Travail scénique

La choralité est omniprésente, et essentielle. Le groupe de courtisans est un magma humain : une pensée commune, une vérité officielle et personne pour se permettre de déroger à la règle. C’est aussi un ouragan, une machine à broyer, qui se avance crescendo

Le jeu est chorégraphié, rythmé et volontairement intense, parfois même outrancier, tout en équilibre pourtant entre les différentes figures. Nous appelons les personnages « figures », car ils sont esquissés, croqués avec des traits forts, et répondent à un schéma classique. Nous identifions facilement roi, reine, prince, confident, promise, etc…Mais c’est plus complexe que ça : comme dans tout comportement humain, nous pouvons passer d’un accès d’excès à la plus extrême des finesses…à une magnifique intériorité. Nous sommes fait de beaucoup d’émotions différentes, nous pouvons être à la fois penseurs empreints de raison et purement instinctifs.

Et puis, il y a Yvonne. La silencieuse. Qui vit, respire et émane. Nous avons beaucoup travaillé autour de ce qu’elle devait dégager : quelque chose de profondément humain, et de désespéremment simple. Cette Yvonne rayonne en ne faisant rien, elle est mutique mais elle nous parle de tout son corps, de toute son

âme. Et c’est bouleversant de dignité.

B

IBLIOGRAPHIE THEMATIQUE

Yvonne, princesse de Bourgogne, Witold Gombrowicz

Hamlet, Shakespeare

Macbeth, Shakespeare

Les fruits d’or, Nathalie Sarraute

Le silence, Nathalie Sarraute

Le misanthrope, Molière

Andromaque, Racine

« Yvonne est une pièce sur le désir et sur le dégoût et j'ai réfléchi longtemps sur leur rapport. Ils sont dans le même axe. Le dégoût n'est pas le contraire du désir, c'est même le trouble au fond.

Le trouble qu'engendre Yvonne est un trouble proche du désir. Si vous êtes dans un restaurant et qu'entre une personne affreusement mutilée, personne n'ose regarder mais tout le monde a " envie " de regarder, une sorte de panique s'installe. Quand une autre personne entre superbement belle, c'est la même chose, tout le monde baisse le regard, il y a un désarroi. Le désarroi du dégoût et celui du désir sont de la même famille.

Dans « Yvonne », une personne laide est choisie par le prince héritier et cet acte absurde va faire remonter dans tout un chacun le désordre profond qu'il a en lui. C'est un peu comme dans " Théorème " de Pasolini : une personne vient de l'extérieur et bouleverse tout. Ici, tout le monde est " entamé " par ce trouble, cette laideur, cette fascination bizarre »

P. Boesman, in Le journal de l'Opéra de Paris, 2009

CONTACTS

Juliette Delfau

0663257177

[email protected]

[email protected]

Compagnie Via Nova

Siret 52017702300022

APE 9001Z

Licence 2-1034174/ 3-1034175

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