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LA NAPROPAMIDE
UN NOUVEL HERBICIDE DE PRE-SEMIS
POUR LES CULTURES DE COLZA.
H. Jacquemet et J. Rognon
Resumé de la communication
La napropamide, ou 2 - (naphtoxy) - N,N - diéthyl propionamide, est douée
d'une remarquable sélectivité pour le colza.
En France elle est commercialisée depuis 1972,
Le mode d'utilisation de la napropamide a été précisé après cinq années
d'expérimentation.
Le traitement est effectué avant le semis; l’incorporation du produit à
la couche superficielle du sol assure la régularité de l'action herbicide
lorsque la pluviosité est insuffisante. Au contraire, une incorporation trop
profonde réduit l'efficacité.
La plupart des mauvaises herbes annuelles fréquentes dans les cultures
de colza, graminées et dicotylédones, sont sensibles à la napropamide.
Grfce à sa persistance dans le sol, 1fherbicide s'oppose pendant plusieurs
mois aux levées échelonnées. :
Si une culture de colza désherbée en automne doit être abandonnée par
suite d'accidents climatiques ou parasitaires, un choix de cultures de
remplacement est proposé à 1fagriculteur.
- Le ré-ensemencement est obligatoirement précédé d'un labour à la fin de
1%hiver.
Introduction
Les caracteres physico-chimiques et les propriétés biologiques de la
napropamide ont été présentés par VAN DEN BRINK et al. en 1969 au
3ème Symposium, qui s’est tenu à Versailles, sur les nouveaux herbicides.
Les auteurs citaient les résultats encourageants obtenus en Grande Bre-
tagne par LUDWIG en 1967 et en 1968 pour le désherbage du colza oléagi-
neux.
En France, Mexpérimentation a été entreprise en automne 1967, et une
autorisation de vente a été attribuée à la napropamide en 1971,
La napropamide, découverte aux USA par STAUFFER Chemical Cy, est
une poudre cristalline rose, peu soluble dans i'eau (70 ppm) et très peu
toxique -(5. 000 mmg/ k pour le rat).
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VAN DEN BRINK et al. (1969) notent que ta napropamide a une structure
voisine de celle des auxines du type naphtoxy qui provoquent sur les dico-
tylédones des transformations analogues à celles du 2.4. D
En vérité la napropamide ne montre pas ces symptômes de type hormonal,
et s'affirme aussi active sur les graminées que sur les dicotylédones.
Son action se manifeste au moment de la germination, ou ultérieurement
par une inhibition du développement des racines, notablement atrophiées.
La napropamide disparait dans le sol sous l'influence des micro organismes
et son activité, légèrement réduite par photo-décomposition est conditionnée
par l'humidité du sol. I est indispensable de l'incorporer, et de préférer
ce mode d'utilisation à une application en surface.
Les nombreuses communications publiées (voir liste bibliographique) ont
prouvé l'intérêt de la napropamide pour des cultures tres diverses comme
les solanées, les arbres fruitiers à petits fruits, et surtout les crucifères
oléagineuses.
Nous évoquerons le désherbage du colza oléagineux tel qu'il est actuelle-
ment pratiqué en France.
Mode d'emploi de la napropamide
La napropamide est commercialisée en France depuis 1972 sous le nom de
DEVRINOL - (poudre mouillable à 50 % de matière active) pour le désher-
bage du colza d'hiver.
Le traitement s'effectue par pulvérisation avant le semis, Il est suivi d'une
incorporation superficielle qui place le produit dans la couche du sol où
se développe la majorité des mauvaises herbes concurrentes du colza.
Cette incorporation ne doit pas être réalisée trop profondément comme
c'est le cas pour les carbamates volatiles, afin d'éviter la dispersion du
produit dans une grande couche de terre, et la réduction de son activité à
llégard de certaines mauvaises herbes.
L'exemple est fourni par la folle avoine qui, germant profondément, vient
installer ses racines de tallage dans les premiers centimètres du sol où
ne se trouve plus une quantité suffisante d'herbicide pour assurer sa de-
struction.
Le préférence va donc à une incorporation très légère dite "de positionne-
ment", avec un outil travaillant superficiellement comme le feraient 2
passages croisés de herse (voir croquis).
Cette opération, tout en levant l'hypothèque d'inactivité de la napropamide
par temps sec, lui maintient une concentration suffisante dans une faible
épaisseur de terre.
Les techniques culturales précédant le semis du colza - en certaines régions
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françaises - ont progressivement évoluées vers l'abandon du labour tradi-
tionnel. Des façons superficielles avec appareils à dents ou À disques s'y
sont substituées.
l'enfouissement complet des pailles et déchets de la céréale s'en trouve
compromis, de même que l'action de la napropamide mise trop superficielle-
ment.
Le désherbant "peu mobile", sensible au manque d'humidité, placé dans un
tel milieu voit son activité limitée par le feutrage de débris végétaux, le-
quel protège la germination et le développement des graines perdues à la
récolte.
Ainsi, au cours des automnes 1972 et 1973 une moindre efficacité sur rese-
mis de céréales et sur folle avoine a permis de préciser l'utilisation de la
napropamide dans de telles conditions.
En l'absence de labour - et si cela est possible - la pulvérisation de la
napropamide environ un mois avant le semis du colza assure, grâce aux
travaux préparatoires successifs une meilleure répartition dans le mélange
sol/déchets, et prévient les levées précoces de graminées.
Doses d'emploi
La dose de 1,25 k/ha (matière active) a donné les résultats les plus con-
stants sur l'ensemble des adventices annuelles du colza. Dans les terres
plus lourdes, ou en présence de lolium spc. cette dose a atteint 1,50 k/ha
(3 kg de produit formule).
Efficacité de la napropamide
Celle-ci a été largement relatée dans les communications signalées. Les
espèces annuelles les plus couramment rencontrées dans le colza sont
détruites: Alopecurus agrestis, Veronica sp. ,Papaver rhoeas, Stellaria
média, Matricaria sp., Capsella bursa-pastoris, Galium aparine, Poa
annua, Lolium rigidum. -
Avena spc. est irrégulièrement contrôlée dans ses levées précoces, si
l'automne est très sec la napropamide ralentit la végétation par atrophie
des racines sans pour autant provoquer la destruction de la plante.
Les resemis de céréales ne sont réellement bien contrôlés qu'en fonction
d'une utilisation adaptée du désherbant en présemis (cas du non labour).
Selectivité
Les doses de 1, 25 k/ha à 2 k/ha n'ont jamais modifié la croissance du colza.
Seule une dose double de la dose recommandée a provoqué un léger éclair-
= 220 -
cissage sur un sol fortement battu par les pluies où le produit de référence
à la dose normale d'emploi a perturbé totalement la végétation du colza.
La napropamide s'est réellement montrée sans action sur le colza d'hiver,
et les seuls symptômes observés l'ont été sur des cultures de printemps,
et sans influence sur la production.
Il est bon de noter qu'aucune sensibilité variétale n'a été affirmée.
Des premiers essais conduits sur Taunus, Sarepta, Ramsès, Oléor, aux
autres applications sur Major, et aujourd'hui Primor (zéro érucique) au-
cun n'a laissé apparaitre une quelconque agressivité du produit. Ce net fut
pas le cas pour le produit de référence.
Rendements
Les traitements de démonstration réalisés, et reportés dans le tableau ci-
joint, donnent une valeur des rendements obtenus sur les parcelles traitées
avec la napropamide à la dose moyenne de 1, 25 k/ha comparativement au
témoin et au produit de référence.
Sur ces 16 traitements de démonstration à caractère pratique, établis dans
la majorité des zones colzéicoles à flore variée, la napropamide donne par
rapport au témoin un résultat largement positif, et se trouve placée légère-
ment avant le produit de référence.
Cultures de remplacement
Elles ont bien entendu été étudiées en fonction de la persistance de la na-
propamide.
Dans les cas de retournement du colza au printemps, pour une cause
accidentelle, il est possible d'installer - et.ceci sans labour - une culture
de choux, navets, tabac, tomates, et bien entendu colza de printemps.
D'autres cultures, telles que; pois, haricots, luzerne, pommes de terre,
tournesol et mais, peuvent également être semées au printemps derrière
un colza retourné, mais en effectuant obligatoirement un labour de retourne-
ment. L'année suivante ces cultures peuvent être mises en place sans soin
particulier.
Commentaires
La napropamide est un herbicide de pré-levée, dont l'activité est influencée
par l'humidité du sol. C'est pourquoi la technique de présemis avec incor-
poration régularise son efficacité et constitue une assurance contre les
risques de sècheresse en automne. Les avantages sont d'autant plus mar-
qués que la surface du sol est plus sche. Encore convient-il d'effectuer
o
- 221 -
un travail régulier et tres superficiel, répartissant l'herbicide dans une
couche de terre de 3 à 4 c/m d'épaisseur, Une incorporation plus profonde,
telle qu'elle est d'usage avec la trifluraline par exemple, provoque une
| dispersion excessive de la napropamide qui ne peut être compensée par sa
faible volatilité. :
Ainsi, au cours des automnes très secs de 1971 et 1972, l'absorption de la
napropamide par Avena sp. et Lolium sp. a été ralentie; aussi, en certaines
situations ces graminées ont-elles développé leurs organes aériens malgré
l'atrophie spectaculaire de leur système racinaire et n'ont-elles été élimi-
nées qu'à la fin de l'hiver.
La sélectivité des traitements pour le colza d'hiver est très satisfaisante.
La napropamide se distingue des autres herbicides appliqués au colza par
son efficacité sur des dicotylédones très diverses dont les Composées et
certaines Crucifères.
L'incorporation du produit à la couche superficielle du sol est indispensable
à l'obtention de résultats constants.
Lorsque la culture traitée est compromise par des facteurs climatiques
défavorables, ou par une attaque de prédateurs, elle peut être remplacée
au printemps, après labour, par une culture de mais, de tournesol, de
pommes de terre, de pois, de haricots, de luzerne ou de trèfle.
Conclusions
Références
1. LUDWIG, J.W. (1968); Chemical weed control in oil seed rape
9th Brit. Weed Control Conf. 1, 255-259
2. REGNAULT, Ÿ. et al. (1971): Résultats d'essais de désherbage des cul-
tures de colza d'hiver, colza de printemps, tournesol,
et soja.
6% Conf. COLUMA 1, 323-332
3. REGNAULT,Y. et al. (1973): Deux années d'étude des herbicides du
colza.
7e Conf. COLUMA 1, 181-189
4. ROGNON, J. et al. (1973): Le désherbage du colza avec la napropamide.
7e Conf. COLUMA 1, 190-199
5. VAN DEN BRINK, B.J., D.J.BRACEY & R.A.GRAY (1969):
Activité hérbicide de la 2-{®naphtoxy)-N, N-diéthyle pro-
pionamide.
32 Symp. Nouveaux Herbic., 45-55
- 222 -
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- 223 -
mise en position de DEVRINOL
En page 219 nous faisons allusion à un
croquis concernant le positionnement
de la napropamide
ci-contre —
croquis que nous aimerions voir figu-
rer avec la CROIX sur la partie mau-
vaise. Comme celle-ci est tracée au
crayon d'une fagon irrégulitre, nous
vous faisons également parvenir un
dessin non rectifié
——
ci-contre =>
pour que vous puissiez éventuellement
le reprendre en impression et l'utili-
ser pour le tirage définitif.
dans le sol
MAUVAIS
outils à disques,
canadiens, vibroculteurs, etc.
(outils trop énergiques)
incorporation sur une
profondeur excessive
produit trop dilué dans
un gros volume de terre,
diminution
de l'action herbicide
BON
herse légère
en 2 passages croisés
(simple recouvrement)
produit à faible profondeur
dans le lit de semence
des mauvaises herbes
concentration normale de la
matière active dans le sol
parfaite
efficacité herbicide
mise en position de DEVRINOL
dans le sol
MAUVAIS
outils à disques,
canadiens, vibroculteurs, etc.
(outils trop énergiques)
incorporation sur une
profondeur excessive
produit trop dilué dans
un gros volume de terre,
diminution -
de l'action herbicide
BON
herse légère
en 2 passages croisés
(simple recouvrement)
produit à faible profondeur
dans le lit de semence
des mauvaises herbes
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concentration normale de la
matiére active dans le, sol
parfaite
efficacité herbicide